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Le Livre vert publié en octobre 2010 a conduit à l'ouverture de travaux qui aboutiront à un projet de réforme de l'audit en Europe en novembre 2011. Depuis la publication du Livre vert, de nombreuses rencontres et discussions ont eu lieu afin de faire progresser la réflexion. Néanmoins, personne ne sait ce qu'il va ressortir de ce processus, ce qui suscite de nombreuses inquiétudes, notamment chez les Big four, premiers concernés par le concept de nécessité de déconcentrer le marché de l'audit en Europe. Jean-Luc Decornoy, président de KPMG France, relève notamment que "on conclut un peu vite que la concentration du marché entraînerait un défaut de concurrence. En pratique, la concurrence existe et elle est même très vive entre les grands réseaux." Les auditeurs ont l'impression que la Commission se concentre sur deux pistes de réflexion qu'ils jugent inadéquates : l'obligation pour les entreprises de changer régulièrement de cabinet d'audit et la création d'entreprises ayant interdiction de fournir des prestations de conseil. Néanmoins, si ces solutions sont discutables, les problèmes que la Commission a identifiés sont réels. La concentration existe partout en Europe et c'est à cela que la Commission souhaite remédier en proposant la rotation des cabinets, et non plus des seuls associés. Gilles Hengoat, directeur national audit de Grant Thornton, indique que les auditeurs ont "le sentiment que l'on s'éloigne de l'objectif d'origine, qui consistait à explorer les voies d'un renforcement du rôle de l'auditeur pour se focaliser sur les questions d'indépendance et de concentration, lesquelles témoignent du incompréhension du métier". La création de cabinets d'audit stricto sensu a pour objectif de résoudre la question de l'indépendance en interdisant à un cabinet de réaliser à la fois audit et conseil. Michel Léger, président de BDO France, rappelle que la complexification de l'audit réclame le recrutement de collaborateurs de haut niveau et de spécialistes pointu. Il estime que "Pour les former, les attirer et les garder, on ne peut pas les cantonner à l'audit". Les professionnels ont l'impression de ne pas être entendus et Michel Barnier estime de son côté que le statu quo n'est pas envisageable, tout en précisant que les Big four ne sont pas la cible de la réforme. A côté des sujets qui focalisent les tensions, on peut entrevoir une issue positive aux travaux en cours. Patrick de Cambourg, président de Mazars, relève "qu'il y a des raisons d'espérer que la réforme se concentre sur les meilleurs pratiques de chaque pays".
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AUDIT | COMMISSION EUROPEENNE | BIG FOUR
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